La première fois que Marianne nous a tous deux emmenés dans sa montagne, c’était un soir d’avril. Il y a de cela au moins dix ans. Nous sommes arrivés de nuit dans la maison qui l’a vu naître, perchée à quelques mille cinq cents mètres d’altitude. Nous avions froid, aussi avions-nous illico plongé sous la couette. Si bien qu’au petit matin, la nuit envolée, les kilomètres parcourus oubliés et une tasse de café à la main, ma surprise fut totale lorsque je découvris juste sous mon nez, imposante, magnifique, la montagne tout entière. Avec ses glaciers, ses arrêtes, ses falaises, ses cols encore enneigés, et en forçant un peu le regard, la trace laissée au passage d’un troupeau de chamois. Je n’avais tout simplement rien perçu ni même imaginé de tel, la veille dans l’obscurité.
Ce bref instant fut pour moi, magique et bouleversant. Parce qu’au fond, inattendu. Un monde grandiose s’imposait là, à tous mes sens, tandis que les sommets déjà se teintaient. Depuis, chaque fois que nous y retournons, je ne regarde pas de ce côté, la nuit, en arrivant. Et au petit matin, l’air de rien, j’ouvre les volets…
Pas plus, n’avais-je prêté attention à la bibliothèque en mélèze, croulant sous des tonnes de bouquins. Un mur entier couvert de livres, de romans policiers, de récits d’aventure, des classiques que l’on étudie à l’école et redécouvre par la suite, mais aussi de BD, de beaux livres et d’albums pour enfants. Ces ouvrages ont été lus, relus, et un jour déposés ici. D’autres lecteurs s’en saisiront.
Les livres, bien souvent, racontent ces paysages. Ils les animent, et en cela ravivent les souvenirs. Ils nous font vivre, parfois réfléchir, surtout voyager, du coin du feu au sommet des montagnes, du fond du cœur à l’autre bout du monde, et ce, depuis la nuit des temps. Retrouvons-les au salon d’Hermillon. Merci Le Colporteur, merci Marianne, merci à celles et ceux qui les ont écrits. Avec les histoires qu’ils racontent, ils sont un peu aussi notre patrimoine.
Marianne et Arnaud Buffin-Parry